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Commerce

Au nom du Covid-19, les lobbies s’attaquent aux règles environnementales

Un article de Reporterre, le quotidien de l’écologie

Patronat, automobile, agro-industrie, aviation, plastique… tout ce que l’Union européenne compte comme lobby productiviste fait front commun contre les mesures environnementales. Au nom de la survie de l’économie, menacée par la pandémie de Covid-19.

Face à la crise, « l’environnement, ça commence à bien faire ». En écho à la célèbre formule de Nicolas Sarkozy en 2010, des lobbies industriels se démènent aujourd’hui pour faire reculer les normes environnementales. En plein confinement, ils susurrent à l’oreille du pouvoir que le monde d’après doit continuer à tourner comme avant. « Business as usual », sans contrainte.

Les constructeurs automobiles, le secteur aérien, la filière agroalimentaire, les industriels du plastique… Tous profitent de cette période pour avancer leurs revendications et obtenir l’attention des gouvernants et de la Commission européenne. Ils exigent des reports, des moratoires, des annulations de taxes ou de mesures jugées trop coercitives et hostiles à la relance économique. En ligne de mire ? Les objectifs de réduction des émissions carbone, le Pacte vert et la Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne, mais aussi en France la loi Mobilité, la loi Économie circulaire et la loi Climat.

« En ce moment, les lobbies mènent une bataille idéologique. Ils défendent leur terrain comme s’ils étaient dans des tranchées, dit, à Reporterre Maxime Combes, porte-parole d’Attac. Ils ne veulent pas reculer d’un iota et cherchent à maintenir leur pouvoir d’influence sur la fabrique de la loi. »

Un courrier du Centre patronal, l’équivalent suisse du Medef, résume bien l’inquiétude des grands patrons :

Il faudrait éviter que certaines personnes soient tentées de s’habituer à la situation actuelle, voire de se laisser séduire par ses apparences insidieuses : beaucoup moins de circulation sur les routes, un ciel déserté par le trafic aérien, moins de bruit et d’agitation, le retour à une vie simple et à un commerce local, la fin de la société de consommation (…) Il est indispensable que l’activité économique reprenne rapidement et pleinement ses droits. »

 

Dès mi-mars, l’offensive était lancée. Reporterre revient sur cette séquence de lobbying intense, secteur par secteur, et les lettres écrites par les industriels pour influer les politiques environnementales européenne et française.

Alors que plusieurs échéances approchent — comme la ratification du Pacte vert en Europe — l’addition de ces demandes pourrait avoir des effets nuisibles pour l’environnement. Rien qu’en France, les grandes entreprises ont déjà obtenu 20 milliards d’euros d’aides sans sérieuse contrepartie environnementale. Le 22 mars, le Premier ministre a également créé un comité chargé d’évaluer les mesures de soutien financier aux entreprises confrontées à la pandémie. Parmi ses membres, on retrouve le Medef mais aucun syndicat ni ONG. Pour Greenpeace, « il est grand temps de mettre en place des mesures de distanciation sociale entre le gouvernement et le patronat ».

Reporterre.net

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